Clap de fin sur les derniers championnats de France de 14′ qui se sont déroulé dans le cadre de la PPR organisée par Amaury Dormet. Amandine Chazot et Titouan Puyo sont sacrés champions de France 2016.
Amandine Chazot chez les filles et Titouan Puyo chez les hommes ont remporté les championnats de France 14’, épreuve adossée sur la Presqu’île Paddle Race. Cette édition 2017 a été marquée par les excellentes performances de jeunes riders tels Clément Colmas, Arthur Arutkin, Martin Vitry, Tom Auber ou bien encore Noic Gariou. Le calédonien Titouan Puyo revient sur cette épreuve et évoque la suite de sa saison.
– Comment se sont passés ces championnats de France 14’? Peux-tu résumer les deux courses et dans quel état d’esprit as-tu abordé cette compète ?
Pour la seconde année, la Presqu’île Paddle Race (PPR) et le championnat de France 14’de SUP race sont organisés conjointement et sur le même week-end par Amaury Dormet. La PPR existe depuis 9 ans donc il y a une bonne dynamique, les gens ont confiance, ils sont certains de tomber sur un downwind. Pour ma part, j’étais ravi de m’aligner pour la troisième fois sur cette étape. Nous avons eu de la chance avec le vent et le temps. J’étais soucieux pour les « gamins » de Calédonie qui pouvaient subir le froid. Le nouveau format est intéressant. C’est un cumul de temps sur deux downwind et non de points. Samedi, nous sommes partis du Fret pour arriver à Plougastel sans traverser la rade. C’est crescendo, au niveau de l’île Ronde, on a eu la marmite avec beaucoup de mouvements d’eau. Amaury Dormet, l’organisateur, m’avait prévenu donc j’avais opté par la 14’par 24,5’’ qui est plus stable. Mon autre option était une 14’par 23’’ plus flat water mais qui passe bien aussi en downwind. Mais j’ai choisi la planche la plus océanique. Le passage dans les marmites s’est bien déroulé, c’est à ce moment que j’ai creusé l’écart sur Arthur Arutkin. L’idée était alors de sécuriser mon résultat en prenant de l’avance. Sur un parcours plat, ça pouvait évoluer. Mais il y a eu des bumps jusqu’à la fin. Le dimanche était vraiment plus light. J’aurais pu partir avec la 23’’, il n’y avait pas trop de risques. Mais j’ai gardé la même board. J’ai un peu plus géré mes adversaires au départ, le podium sur le second downwind est le même que celui de la veille.
– Tu as maintenant le statut de n°1 français en race ? Est-ce plus dur à porter que celui d’outsider ?
Outsider, je le suis encore à l’international. En France, ce statut de favori est partagé avec Arthur Arutkin. Ce sera la même chose à Hossegor. Nous sommes tous les deux membres de l’équipe de France donc nous cherchons à conserver cette dynamique en se tirant l’un l’autre vers le haut. Sur ce week-end, Arthur était un peu moins en forme. Mais derrière il y a des jeunes. Clément Colmas que je connais bien m’a surpris sur les downwinds. Je ne pensais pas qu’il serait sur le podium. C’est motivant.
– Comment gères-tu sur une saison tes principaux rendez-vous ? Cherches-tu à tenir ton niveau de préparation sur une longue durée ou as-tu des hauts et des bas en fonction des compétitions ?
La saison est un peu longue. Pour ma première année sur le circuit, j’avais participé à beaucoup d’évènements. Cette année, j’ai un peu plus trié. Dès que j’avais un mois de libre, je rentre à Nouméa. Après on tire toujours un peu sur la ficelle. Après l’Oregon, j’ai fait un break de quatre semaines sans toucher une pagaie. Je n’ai donc pas pu me préparer comme je le souhaitais sur la PPG (ancienne BOP en Californie, ndlr), d’où peut-être mon résultat sur la beach race. J’ai eu avant la Californie un souci à l’épaule nécessitant des infiltrations et du repos. J’ai réglé mes soucis de santé chez moi en Calédonie. C’est plus simple. Je sais aussi que ce mois de repos pourra être profitable avant les Mondiaux ISA. Vincent guillaume m’aide dans ma préparation. Il me donne de bons conseils et a le recul nécessaire pour gérer un bon état de forme sur du long terme.
– Que retenir de la PPG ? Que penses-tu du format de course en 2016 ? Le fait que la PPG soit en 14’, ne serait-ce pas plus pertinent que toutes les compètes de haut niveau passe à la 14’?
La 14’ ne me dérange pas sur la beach race des PPG. Je suis presque trop lourd pour la 12’6. Je me fais sortir en demi en chutant à une bouée. Mais je ne suis pas le seul, des gars comme Casper Steinfath se font aussi sortir à ce stade de la compétition. Peut-être qu’avec des repêchages (l’organisation évoque cette option pour 2017, ndlr), j’aurais pu aller un peu plus loin. C’est à prendre en compte car avec ma 5e place en longue distance, c’était important pour l’overall. C’est pour cela que Travis Grant mon partenaire de team se classe 4e en longue distance durant une course pendant laquelle nous sommes restés au contact. On s’est entendu pour cette arrivée et lui laisser ses chances pour l’overall sachant qu’il était qualifié pour la finale en beach race. Cette longue distance était intéressante car pour la première fois ça bougeait, mais je n’arrivais pas à attraper tous les bumps, j’étais fatigué après la beach race et manquais de condition physique. J’étais donc un peu frustré de mon résultat sur cette longue distance.
– Le SUWS avait lieu au même moment que les France 14’. Quel regard sur ce tour de la Waterman League ? Est-il important pour toi ?
J’avais fait le choix l’an dernier de ne pas faire les World Series. Tristan Boxford, l’organisateur, ne tient pas ses dates, c’est donc difficile de s’organiser. De plus venant du Va’a, j’aime les event avec beaucoup de monde. En Va’a il y a une centaine de personnes sur les belles compètes. Sur une World Series, il n’y a que 15 inscrits, certes de très bon niveau mais ce n’est pas beaucoup. Enfin, ils parlent de passer de la 12’6 à la 10’6 avec un départ sur toboggan gonflable (format de course suggéré par Kai Lenny à Abu Dhabi il y a trois ans et en discussion depuis, ndlr). Cette évolution ne me motive pas du tout, ils font ce qu’ils veulent. Mais la finale de Maui de cette année donne envie. Je ne sais pas comment fait Connor Baxter pour s’aligner sur toutes ces dates, en plus il gagne tout. Mais à choisir, autant aller sur des courses plus anciennes qui sont bien en place avec du monde sur la ligne de départ.
– Quel regard sur le foil et les évolutions à venir ? As-tu testé cette configuration ?
Je n’ai pas testé le foil. Je devais tester un SUP foil avec Cyril Coste de Lokahi mais ça ne s’est pas fait. À Nouméa, cet été (janvier pour l’hémisphère sud, ndlr), Benjamin Tillier (ancien coureur RSX, ndlr), qui est par ailleurs mon kiné, nous nous sommes amusés à tester un foil sur un bateau. On voulait savoir si j’allais avoir assez de puissance pour le faire voler. Après cette tentative, nous étions certains que personne ne ferait partir un SUP foil à la rame. Et puis Kai Lenny a réussi. Il m’a fermé mon clapet. Mais ce n’est pas pour tout le monde. Personnellement, je vais tester cette configuration au large en downwind et non en vagues car ça présente des risques. Il faut faire attention. Les riders servent d’exemple et doivent garder à l’esprit la sécurité de tous. Il ne faut pas s’aventurer avec un foil au milieu d’autres rameurs ou surfers. Il est en effet difficile d’évaluer la vitesse du gars en foil quand tu es à l’eau au peak. Le SUP Foil, ce sera donc au large et seul, c’est pour moi une autre discipline complémentaire du downwind en SUP.
– Après les France en 14’, il y a les France 12’6 à Hossegor. Quelles seront tes attentes ?
Les France à Hossegor, ce sera différent. La longue distance se déroulera sur un lac. On verra pour la beach race sur c’est dans les vagues ou sur le lac en fonction des conditions.
– Et ensuite ?
Je pars ensuite en Australie puis Fidji pour les mondiaux et retour en Australie pour deux épreuves en downwind en fin d’année.
– Depuis que tu as remporté ton premier titre français en longue distance à Canet en Roussillon, tu t’es imposé au niveau international. Te considères-tu comme un coureur pro qui peut vivre de son sport ou boucler ton budget sur une saison reste encore parfois limite ?
Ça va si tu sais adapter ton niveau de vie. Je n’ai pas à sortir un loyer, je bénéficie de points de chute quand je suis en France ou en Calédonie. Donc c’est un poste en moins dans mon budget. La voiture, j’en ai eu par un sponsor en Calédonie. Après j’ai assez de budget pour réaliser mes déplacements. Je fais mon planning et NSP le valide par un budget. En Calédonie, je me suis aussi mis en auto entrepreneur pour donner des cours de stand up. Je propose des cours spécifiques pour aider à la progression, en collaboration avec certains shops. Je vais aussi entraîner certains jeunes espoirs comme Clément Colmas (3e sur les France en 14’, cadet) ou Noic Gariou (12e sur les France en 14’alors que cadet) pour les aider à progresser en race. L’idée est de constituer un petit pôle de futurs talents et de les aider à monter. On aimerait bien avoir des filles qui pourraient bien figurer comme Clément ou Noic chez les hommes.
– Avec ton programme de courses, arrives-tu à passer du temps en Nouvelle Calédonie sur une année ?
Je passe 6 mois de l’année en Calédonie en fonction de mes déplacements.
– Mickael Booth est une nouvelle figure du circuit international. Qu’a-t-il de particulier selon toi ?
Nouvelle pour le grand public, pour nous pas vraiment. J’ai fait du surfski. J’avais participé à un mondial avec lui au Portugal. Je faisais 43e et lui se classait 5e. Il réside en Australie dans un endroit où il y a une forte émulation. Il est très pro et se consacre à plein temps à sa préparation. Il est dur à suivre si tu n’es au top. Sur la PPG, j’étais un peu juste. À Sainte Maxime, il nous a mis une bonne accélération aussi. Il a cette capacité à élever sa vitesse pour creuser l’écart sur un long moment. Parfois, je n’arrive pas à suivre. À Bilbao, j’ai essayé mais je me suis remis derrière lui. On a la chance qu’il soit pour le moment moins rapide en downwind. Mais il va progresser et dispose de bonnes planches.
Photo : Loic Olivier / PPR.
Paddle Race 2016 – CHAMPIONNAT DE FRANCE /// from picturesmaker on Vimeo.