Romuald Mamadou a remporté ce samedi 30 janvier l’édition 2016 de Ze Caribbean Race en 4’25’32 (Olivia Piana s’impose chez les femmes en 5’07’53). Un peu plus de quatre heures pour boucler les 50 km du parcours downwind, les participants ont donc chassé le bump. Rencontre avec l’organisateur et vainqueur de cette course hors norme.
Get Up : Une victoire sur Ze Caribbean Race, course de 50 km que tu organises par ailleurs, tu y pensais ?
Romuald Mamadou : Pas facile d’organiser et de participer en même temps, c’est beaucoup de travail, beaucoup de choses à penser et à anticiper. En remportant les deux épreuves du « Karukera Kayak Challenge » le week-end précédent, j’étais en confiance, et avec ma préparation de ces derniers mois, je comptais faire un bon résultat à Ze Race. C’est chose faite.
Get Up : Comment décrire les conditions ?
Romuald Mamadou : Ça faisait 365 jours que je croisais les doigts pour qu’on ait du vent et de la houle pour cette édition 2016, et oublier la pétole de 2015. Je surveillais les prévisions météo sur les modèles Européens et Américains et les deux s’accordaient à quelques jours du jour J pour prévoir un vent d’environ 15 nœuds de secteur Est / Sud-Est avec 1,5 m de houle. C’était donc des conditions parfaites pour tous, compétiteurs, sécurité, presse.
Get Up : Vent et houle ont-ils été constants ?
Romuald Mamadou : J’ai eu la chance de pouvoir dormir à Petite Terre la veille de la course à bord d’un catamaran et dès le réveil le vent soufflait déjà dans les cocotiers du bord de plage et les vagues cassaient sur la barrière de corail. Tout cela annonçait de belles conditions de downwind. Le départ, dans le lagon de Petite Terre, s’est donc fait avec un bon vent dans le dos et de suite les premiers bumps et les premiers surfs s’offraient à moi. Les deux premières heures étaient parfaitement glissantes puis un grain est passé sur la Grande Terre et à légèrement atténué l’air pendant 30 minutes mais la houle était toujours présente, donc les surfs continuaient à se présenter sous ma planche. Ensuite le ventilateur s’est remis en marche et la glisse a repris de plus belle pour aller jusqu’au bout des 50 km.
Get Up : En regardant les temps, on constate qu’il y a un gros écart entre toi et tes poursuivants (15 minutes sur Boris Jinvresse, voir classements plus bas). Comment expliques-tu cela ?
Romuald Mamadou : Je pense que c’est une combinaison de plusieurs choses : j’étais en forme physiquement (malgré l’organisation de la course), le mental était bon et j’étais relax, j’ai suivi à la lettre mon plan de nutrition et d’hydratation, je connaissais mon matériel et les conditions étaient comme je les aime : du vent et de la houle.
Get Up : Quelle part la navigation a-t-elle joué dans ce temps ?
Romuald Mamadou : J’ai étudié le parcours et on sait que le chemin le plus court entre un point A et un point B c’est la ligne droite. Avec la houle et le vent légèrement sud-est, la ligne droite était parfaitement tracée entre le départ et l’arrivée. J’ai donc suivi la route que je m’étais fixée et en visionnant mon tracé GPS après la course, j’étais très proche de la ligne droite parfaite.
Get Up : Y avait-il des pièges sur le parcours ?
Romuald Mamadou : En fonction des conditions, on peut se retrouver pendant la première heure avec une houle croisée résultant du croisement des courants qui enroulent Petite Terre. Samedi dernier, la houle était plutôt rangée dès le début. Il n’y a pas de hauts-fonds ou de grandes profondeurs qui peuvent influencer les courants dans ce secteur. Par temps très clair, du départ, on peut voir quasiment le point d’arrivée. Après, plus on avance sur le parcours, plus il faut s’adapter au vent et à la direction de la houle pour ne pas aller chercher la côte trop tôt. S’il fallait trouver un piège, ça serait les casiers de pêcheurs à éviter.
Get Up : Pour ce résultat comment mesurer le temps consacré à ta préparation, nous t’avions vu à l’entraînement en salle et c’est plutôt du sérieux ! ?
Romuald Mamadou : Je passe beaucoup de temps sur l’eau en Downwind et en SUP surf. Chez moi, je me crée des circuits training type Cross Fit et je fais beaucoup d’étirements. En gros, je m’entraîne 3 à 4 fois par semaine, avec au moins une moyenne ou longue distance le week-end. La Guadeloupe est un terrain de jeu idéal pour s’entraîner et s’amuser toute l’année.
Get Up : On t’a vu sur une Starboard Ace, tu n’avais pas reçu ta Naish Maliko ?
Romuald Mamadou : En effet, ma Naish Maliko avait malheureusement un cargo de retard pour arriver à temps pour Ze Race. Elle est arrivée en Guadeloupe 2 jours après la course.
Du coup j’ai ramé sur une Ace que je connaissais très bien. Mais qui sait, je serai peut-être allé plus vite avec ma Maliko.
Get Up : Cette année, il y avait un nouveau parcours sur Ze Race. Es-tu content de cette évolution ? Allez-vous conserver ce parcours en 2017 ?
Romuald Mamadou : Le parcours de cette année est de l’avis de tous les compétiteurs présents, excellent. Je l’approuve à 200 % et on va le conserver pour l’édition 2017. Le départ de Petite Terre est magnifique, on navigue en pleine mer avec une orientation parfaitement dans l’axe, le passage de l’îlet du Gosier est superbe et l’arrivée à la Marina de Pointe-à-Pitre et un grand moment d’émotion avec tout le public qui acclame les compétiteurs du premier jusqu’au dernier.
Get Up : Souhaites-tu plus de compétiteurs sur Ze caribbean Race ? Que manque-t-il à ton avis pour avoir des têtes d’affiche, notamment venues d’Hawaï ?
Romuald Mamadou : Bien sûr, je souhaite qu’on accueille plus de compétiteurs. Depuis la première édition, le nombre de participants ne cesse d’augmenter et c’est tant mieux pour le SUP et tous les autres sports de pagaie en Guadeloupe. Cette année, nous étions au total 49 participants tous confondus (SUP, Pirogues, Surfskis, Prones) et beaucoup d’entre eux ont déjà signé pour l’édition 2017.
Pour les têtes d’affiche, nous étions à deux doigts d’accueillir Casper Steinfath. Zane Schweitzer était aussi très motivé. Je suis rentré en contact direct avec Travis Grant pour l’inviter et avec Martin Lenny pour faire venir Kai. Mais pour cette année ça n’a pas suffi, j’espère qu’on les aura un jour. Pour d’autres que j’ai aussi contactés, leur première question était : « is there a prize money ? ». L’argent pourri le sport et les motivations. Perso, je ne fais pas du SUP pour gagner de l’argent ou des lots mais par passion.
Sans le classer dans cette catégorie, j’attends avec impatience d’accueillir mon ami Titouan Puyo, qui a déjà laissé passer son tour deux fois alors qu’il avait gagné son billet d’avion pour la Guadeloupe lors de la PPR 2014 et 2015. T2, en 2017 tu viens en Gwada !
Get Up : Ton programme pour cette saison ?
Romuald Mamadou : Pour la métropole, je compte revenir pour le Grand Prix Guyarder, la Presqu’île Paddle Race et le Championnat de France 14’.
Pour cet été, mon principal objectif c’est d’aller à Hawaï, pour participer au Maui Paddleboard Champs, le Maui 2 Molokai et la Molokai 2 Oahu.
Des courses en downwind comme je les aime.
Photographe : Simon Cuesta-Valdivia ( Le Studio ploof )