Rok Puvar a décidé de traverser la mer Adriatique entre la Cratie et l’Italie sur sa Starboard Ace GT. Un défi de 27 heures contrarié par une météo de janvier peu favorable. Récit.
Le rider slovène de Starboard Rok Puvar réalisé une traversée de la mer Adriatique entre la Croatie et l’Italie le 20 et 21 janvier dernier. Le rameur a bouclé les 131 km en 27 heures. Son périple a débuté à Pola en Croatie, le point le plus sud de la péninsule d’Istre pour finir à Pesaro en Italie. Rok Puvar est un multiple champion de voile, de windsurf et de stand up paddle. Il a à son palmarès 39 victoires sur des épreuves de race en Allemagne, Autriche, Italie et Slovénie ces quatre dernières années. Cette traversée est un nouveau challenge, et au lieu de le réaliser en été, il a préféré le mois de janvier pour corser son aventure. Rok était escorté par un bateau suiveur. Il a quitté Pola à 5 heures de l’après-midi avec une fenêtre météo favorable. Le vent était annoncé faible de face, puis side dans la nuit et downwind pour les dix à quinze heures restantes de traversée. Malheureusement, la nature a démontré qu’elle pouvait parfois être imprévisible.
Le vent faible a vite tourné de côté à 8 nœuds pour ensuite se renforcer avec des rafales à quinze nœuds. Cette orientation de vent a provoqué des vagues latérales assez difficiles à gérer. Pire, le vent n’a jamais tourné downwind comme annoncé. Il est resté constant et side toute la traversée (orienté au nord, donc plus froid). Rok a failli abandonner à cause de l’impossibilité de changer de côté en ramant, il a de plus dépensé beaucoup de forces pour compenser les vagues latérales et rester sur sa planche. « Après 13 heures de rame, j’étais en hypothermie. Après 18 heures, mes paumes étaient paralysées. Les conditions étaient de pire en pire. »
À 7 heures du matin, Rok se ravitaille sur son bateau escorte. Il se change pour des vêtements chauds et fait un break d’une heure. Alors que le soleil réchauffe l’atmosphère, Rok reprend sa traversée à 4/5 nœuds. La seconde pause aura lieu dans l’après-midi. À chaque arrêt, le bateau enregistre une position GPS et revient exactement à la même position quand Rok décide de reprendre sa marche. Pour se faire il s’alimente de boissons et d’aliments énergétiques (18 litres de boissons et 20 gels Windforce). Il a aussi consommé 10 bananes, une soupe chaude et du chocolat. Il a choisi la Starboard Ace GT sur laquelle il a ramé 23 heures et 30 minutes, sa traversée durera, elle, 27 heures. Une chose est certaine, janvier n’est pas le mois idéal pour ce genre de défi et Rok a dû se mettre dans le rouge et puiser dans ses réserves pour arriver à ses fins.
Get Up : Windsurfer, marin, SUPer, quel est ton passé sportif, que fais-tu dans la vie ?
Rok Puvar : J’ai passé toute ma vie sur l’eau. J’ai commencé la voile à 8 ans, j’ai ensuite fait du windsurf et il y a quelques années, je me suis mis au stand up. Je vis en Slovénie à Portoroz qui n’est pas un endroit très venté donc le SUP est une bonne option pour glisser chaque jour sur l’eau. Dans la vie, je bosse dans un hôtel une partie de l’année et l’été je suis lifeguard.
Get Up : Cette traversée était ta première ?
Rok Puvar : Oui la première mais pas la dernière.
Get Up : Tu as opté pour la Starboard Ace GT, était-elle assez stable pour ta traversée ?
Rok Puvar : Habituellement, je rame sur une Sprint ou une Allstar de 14’x23 ». Mais avec 25 kg de matériel sur la planche, j’ai choisi une planche moins rapide mais plus stable. La GT a été un très bon choix pour cette traversée, elle était assez stable.
Get Up : Quels équipements as-tu choisi. J’imagine que tu as dû avoir un dilemme entre sécurité et ne pas avoir trop chaud pour ramer confortablement ?
Rok Puvar : C’est une bonne question. J’ai fait de nombreux tests sur l’eau avant de tenter cette traversée et je n’ai jamais eu le moindre problème vis-à-vis du froid. Mais durant la traversée elle-même, tout est allé de travers. Les températures sont descendues. Je portais par exemple des chaussons de 7 mm. Deux semaines après la traversée, j’ai encore les doigts des pieds endoloris par le froid. J’avais une première couche technique de Craft Sportswear, une combinaison 2 mm de SUP et une combinaison sèche extérieure. Mais cette nuit-là, le froid était si extrême que même avec ces différentes couches, je me suis retrouvé en hypothermie.
Get Up : Ramer de nuit n’est pas un choix, quelles différences de sensation as-tu trouvé ?
Rok Puvar : Le jour en hiver est moins long, donc ramer de nuit était une obligation. Avant ma traversée, j’ai fait une longue distance de 60 km de nuit pour m’habituer. Quand c’est vraiment noir, tu as une sorte de brouillard sur l’eau, tu dois donc dépenser beaucoup plus d’énergie pour conserver ton équilibre. C’est très dur.
Get Up : Quel a été le temps nécessaire pour te préparer ?
Rok Puvar : Je vais à l’eau cinq à six fois par semaine donc après une saison de race, ma préparation était déjà bien avancée. J’ai juste mis un focus sur l’endurance avec des traversées de 40 km, deux de 60 km et une de 100 km pour monter en puissance.
Get Up : Quels conseils donnerais-tu à un SUPer qui voudrait se lancer dans ce genre de défi ?
Rok Puvar : La sécurité comme règle numéro 1. Le pire ennemi du rameur en hiver est le froid. L’autre priorité est de bien s’alimenter, surtout en hiver.
Get Up : Avec toutes ces histoires de réfugiés, la zone devait être très surveillée non ? Tu n’as pas eu affaire à la police maritime ?
Rok Puvar : Non, le Nord Adriatique n’est pas une zone avec des réfugiés qui tentent la traversée vers l’Italie. Il y a juste quelques contrôles de police mais je n’avais pas demandé d’autorisation préalable.
Get Up : Merci Rok pour ces précisions.