Les Mondiaux ISA 2015 au Mexique, à Sayulita, c’est terminé. La France, grâce à Titouan Puyo, décroche une belle médaille de bronze en beach race. Une troisième place méritée, au finish, avec un sprint entre le Calédonien et Casper Steinfath. Une médaille à l’image de la campagne française : énergique, talentueuse et enthousiaste avec cependant quelques regrets. Le staff technique n’aura pas réussi à sublimer le collectif pour aller au bout de leurs ambitions, afin d’égaler le résultat de 2014 (4 médailles).
Onzième. La France décroche une modeste onzième place par équipe aux Mondiaux ISA du Mexique. Notre nation forte du stand up paddle s’intercale entre le Pérou et l’Argentine, un résultat mitigé mais qui n’entrave pas le soutien légitime dont a reçu l’équipe sur les réseaux sociaux. Quelles explications donner ? L’absence de compétiteurs en prone paddle privant ainsi le collectif de précieux points pour se hisser devant l’Espagne (8e) et ainsi obtenir un classement plus à l’image de son véritable rang ? Pas seulement. Pour la première fois depuis le début de cette compétition annuelle, des athlètes de premier rang (qui restaient auparavant sur les circuits pro de la Waterman League, le SUWT et SUWS) ont décidé de se réunir en teams et de venir se montrer sur une compétition ISA. Les Baxter, Ching, Freitas et autres Gomez ont sifflé la fin de la récréation. Les boss du stand up paddle, ce sont eux. Ils entendaient le prouver et ils n’ont pas loupé leur rendez-vous. Pire, ils ont remis certaines nations à leur rang, un uppercut qui vous sonne et chamboule quelques idées figées. Ce fut particulièrement vrai sur la longue distance en stand up paddle même si Titouan Puyo, 6e après un sprint à quatre riders, a réalisé une superbe course. Mais voilà, ces Américains et Hawaïens s’entraînent ensemble sur des mêmes “pôles” (Maui et la Californie principalement). Ils ont un cadre idéal pour progresser, ont pour certains l’expérience de longues et minutieuses préparations en pirogue (OC1), et sont donc de facto constitués en groupes d’entrainement pour tendre vers le plus haut niveau, avec une émulation forte, et une grande diversité des disciplines de race pratiquées. Ils n’ont pas besoin de structures fédérales pour s’épanouir (si tant est qu’elles existent vraiment et qu’elles ne se résument pas à une pige de sélection et une prise en charge sur ces Mondiaux ISA) pour être prêts le jour J et décrocher des médailles. Un travail sur le long terme avec les meilleurs qui, ne le cachons pas, fait et fera toujours la différence.
Après l’absence de médaille dans le team France, en surf et longue distance, on espérait donc beaucoup de cette ultime course en beach race. Une opportunité de sauver l’honneur, une chance pour les Guesdon, Puyo et Daniel d’inscrire leurs noms sur les tablettes ISA en beach race. Deux jours auparavant, en surf, l’équipe de France avaient échoué de peu. Durant deux finales très disputées, les deux représentants français, Caroline Angibaud et Antoine Delpero, avaient longtemps espéré une médaille. Mais dans les dernières minutes, ils ont été écartés du podium par Iballa Moreno (Espagne) chez les femmes et Felipe Hernandez (Mexique) chez les hommes.
Chez les femmes, la finale avait vite été emballée par la jeune américaine Izzi Gomez, championne du monde 2014 sur la Waterman League (SUWT). Elle est donc la première athlète à décrocher deux titres mondiaux sur deux circuits dont les organisateurs se dévisagent en chiens de faïence (un peu comme en boxe avec les multiples fédérations). Longtemps, Caroline Angibaud était restée dans le bon tempo pour une médaille jusqu’à la dernière vague d’Iballa Moreno, l’Espagnole. La Vendéenne se contentera d’une belle quatrième place, la brésilienne Nicole Pacelli prendra, elle, l’argent.
En deux coups de rame, Connor Baxter passe de la huitième à la seconde place, enroulant les bouées, relançant avec fréquence. Il vole et bientôt se hisse à la première place avec son compatriote Mo Freitas.
Chez les hommes, Sean Poynter (passé par les repêchages), Antoine Delpero (très constant durant toutes ses séries), Poenaki Raioha, et le local Felipe Hernandez prétendaient au titre mondial. Trois ex-champions du monde étaient donc en lice, Poenaki étant le défendeur. Comme pour la finale dames, les conditions étaient exécrables. Vagues très mauvaises, vent, le chef juge ayant accepté que ces finales se déroulent dans d’aussi mauvaises conditions restera caché le restant de ses jours…
L’américain Sean Poynter enchaîna vite et bien. Très bon choix de vagues, du flow, de la vitesse, des moves radicaux (rollers très appuyés avec tail slides), il mettra ses adversaires combo assez rapidement. Le Tahitien de F-One, Poenaki Raioha, comme pour la finale 2014 qu’il avait remportée, aura besoin de temps avant de se mettre en action. Il enverra de bons rollers à midi mais avec un peu moins de vitesse que l’Américain de Starboard. Antoine Delpero, sur sa Bonz plus grande que les planches de ses adversaires, aura plus de vitesse dans son surf. Il scorera deux bonnes vagues avec de très bons rollers. Pour un rider qui pratique très occasionnellement du stand up, il a été impressionnant, il était parfaitement dans le coup et on l’aurait volontiers vu décrocher une nouvelle médaille de bronze pour sa quatrième finale disputée sur les ISA (en quatre ans). Malheureusement, le local Felipe Hernandez enfume les juges sur sa dernière vague avec des “nose airs”. Pas de quoi s’extasier.
Alors cette beach race hommes était celle de la dernière chance (après la 7ème place de Céline Guesdon chez les femmes), Candice Appleby (USA) s’imposant de nouveau devant Terrene Black (Australie), Penelope Strickland (NZ) et Lina Augaitis (Canada). Super départ de l’Américain Slater Trout et de l’Italien Leo Nika (comme souvent), suivi du champion du monde ISA 2014 Casper Steinfath. Derrière, ça va très vite, ça chasse pour arriver à la première bouée et Arthur Daniel, le nouveau venu du team France, tient la cadence pour virer en bonne place. Ce n’est pas le cas du favori Connor Baxter qui, chose rare, loupe son départ. Mais Connor a un mental unique. Il ne lâche rien. En deux coups de rame, il passe de la huitième à la seconde place, enroulant les bouées, relançant avec fréquence. Il vole et bientôt se hisse à la première place avec son compatriote Mo Freitas. Dès lors, les deux hommes vont assurer leurs places respectives, partant sur le moindre bump pour se libérer du pack des suiveurs, et ne plus se faire reprendre. Titouan Puyo sera aussi chanceux dans ses bumps, il pourra ainsi se repositionner dans l’ultime tour, être au coude à coude avec Casper Steinfath et sprinter pour la médaille. Les deux hommes, deux gentlemen, arrivent ensemble au surf sur la plage, sautent sur le sable et courent vers l’arrivée. Plus prompt à démarrer, Titouan semble se détacher mais Casper ne lâche pas prise. L’arrivée est confuse, il faudra la vidéo pour départager les deux hommes. Après une longue attente, les juges de l’ISA consacrent pour la troisième place Titouan Puyo. La France tient sa médaille, sur le fil, pour quelques centièmes de seconde. Arthur Daniel arrive à une prometteuse 8ème place, une belle expérience pour ce jeune compétiteur.
On aurait pu sourire quand team USA a lancé sur les réseaux sociaux sa campagne de crowdfunding pour obtenir les fonds nécessaires à son déplacement au Mexique. En regardant cette nation obtenir six médailles d’or sur ces mondiaux, on se dit que cela pourrait donner des idées à certaines nations histoire de constituer une équipe complète rajeunie (prone et SUP) et ainsi relever un beau défi pour 2016 en préparant l’avenir.
Photos : ISA.