Gaétan Séné remporte l’Oleron Island Stand Up Paddle Challenge 2012

Du 22 au 24 juin, se déroulait la seconde édition de l’Oleron Island Stand Up Paddle Challenge. Organisée par Didier Lafitte, cette épreuve faisait partie du nouveau circuit mis en place par Tristan Boxford de la Waterman League. Dotée de 10 000 dollars grâce au soutien de Starboard et d’institutionnels locaux, cette épreuve était censée attirer à elle toutes les fines gâchettes du sup européen. Mais seuls 34 inscrits ont bravé le programme prévu. Beaucoup avaient encore à l’esprit les douleurs de la longue distance de l’édition précédente. L’organisation allait-elle retenir les leçons de 2011 pour justement passer un cap ? Pas certain…

Elle est l’attraction et la tête d’affiche de cette nouvelle édition du Oleron Island Stand up paddle Challenge. Fraîchement débarquée de son avion la veille, et après une heure et demi de course à pied le vendredi matin, la néo zélandaise Annabel Anderson atomise tous les « mâles » sur la longue distance. Jugez plutôt : 7 minutes à Gaétan Séné (second), 9 minutes à Greg Closier (3e) pourtant revigoré après sa récente victoire à Bandol avec son short fétiche. Seulement voilà, Annabel (qui doit certainement suivre le même programme d’entrainement qu’Amélie Mauresmo vu ses biceps) en a décidé autrement avec son maillot rose fétiche. Si les gars arrivent à contenir la rideuse vedette de Starboard sur le bord de downwind pendant 13 kilomètres (départ de St Denis), la belle se fait la belle sur le bord qu’a gentiment réservé le directeur de course à l’ensemble de la flotte. 13 autres kilomètres avec vent de travers : un chose est certaine, il n’a jamais réalisé ce parcours en SUP avec les mêmes conditions (sinon il opterait justement pour un autre parcours plus glissant). Et puisqu’il faut en chier, les rescapés vont souffrir sueurs et larmes au point d’en être dégoutés et d’entonner en cœur : « l’année prochaine ce sera sans nous ». Beaucoup ne comprennent pas les options choisies à commencer par les leaders de la course. Car après avoir viré la bouée à Fort Boyard, les coureurs, hommes et femmes, doivent faire la jonction sur un énorme catamaran proche de la côté (qui sera capable d’embarquer l’ensemble de la flotte). De là à en déduire qu’il était tout à fait pensable de mouiller ce catamaran au large avec l’ensemble de coureurs et de les faire partir vent dans le dos vers Fort Boyard pour faire les belles images qui s’imposent, il n’y a qu’un coup de pagaie. Mais comme l’année dernière, ils seront « bons » pour se démâter l’épaule sur un bord de 13 bornes avec vent latéral. Que du bonheur. A ce petit jeu, Annabel Anderson en profitera pour creuser l’écart et se détacher irrésistiblement avec sa technique de rame caractéristique, fréquence élevée et ramassée sur elle-même. « Dommage, on aurait pu faire un downwind de dingues, et on se retrouve à ramer sur une seconde partie de parcours sans intérêt », confie Greg Closier amère. D’autant qu’à l’arrivée, pas d’eau ni rien à se mettre sous la dent pour reprendre des forces, à 90 euros l’inscription, les crampes d’estomac arrivent un peu plus vite. De son côté, Gaétan Séné analyse la performance d’Annabel Anderson : « La première moitié du parcours entre St Denis et Fort Boyard à été un vrai plaisir, du surf, des bumps, de la glisse. Quand j’ai vu Annabel Anderson me rattraper, forcément j’ai été déstabilisé quelques minutes puis je me suis concentré à nouveau sur la recherche du bon rapport investissement physique et technique pour tenir la distance. Je n’ai pas été étonné de la voir là, ni de me faire distancer. Avec l’expérience en descente de rivières, et celle acquise en coupe du monde de Surfski, j’ai déjà été battu à plusieurs reprise par des femmes. De nombreuses raisons expliquent cela. Annabel s’entraîne dur et beaucoup plus fréquemment que moi, elle à une technique très efficace de rame et de surf qu’il faudra analyser, elle gère aussi sa préparation de façon professionnelle à plein temps et non pas en amateur comme moi qui doit aussi penser à mon métier d’infirmier. Un long débat sur le professionnalisme et l’amateurisme du Sup race sur lequel j’espère trouver le temps de revenir…. La suite de la longue distance s’est donc terminée au mental, vent side, plus d’une heure trente d’effort physique continu sans ces petites décharges d’endorphines de la première heure. »

Notons aussi la belle performance de Ludo Dulou venu sur la longue distance et qui accrochera longtemps Greg Closier pour la troisième place. Une autre bataille au mental dont sortira vainqueur le breton, Ludo lâchera finalement prise lors de la dernière accélération de Greg, obligé de se mettre dans le rouge vif pour creuser l’écart.

C’est donc un peu fourbus que les rescapés de la veille vont le samedi en découdre sur deux beach races. Par chances, les vagues déferlent et les parcours seront beaucoup plus ludiques que la veille. Sur la première beach race assez courte de 20 minutes, Gaétan Séné prend un très mauvais départ dans la première manche mais se refait la cerise à la bouée en virant juste à côté de son principal rival au classement, Greg Closier. Ce dernier est posé et ne peut prendre le petit surf sur lequel Gaétan creuse l’écart. Greg ne pourra revenir, il est suivi par l’italien Leonard Nika.

Dans la seconde beach race, après une manche qualificative, ce sont 18 coureurs qui s’alignent sur la finale. Le parcours est parfaitement mouillé et la confrontation est grande. Greg Closier pas très bien parti, reviendra fort à la faveur d’un joli surf sur Gaétan Séné, puis sur Leonard Nika. Le dimanche, dernier jour de course, briefing à midi pour un départ à 15 heures histoire de voir comment évolue le vent qui est établi. Tout le monde est fatigué et pas simplement les concurrents. Avant le départ, encore beaucoup de discussion à terre. L’organisation de course a prévu un « baby downwind de 15 minutes. Greg Closier ne comprend pas vraiment l’intérêt d’une telle course surtout sur un parcours soit disant World Séries qui met en exergue les beach races par poules. Mais il faudra s’y résoudre, cette ultime épreuve sera aussi capitale pour le classement final. Si Gaétan Séné se loupe et termine 4e, il dégringole de sa place de leader au général. Finalement, le parcours retenu envoie les coureurs face au vent pour virer une bouée et revenir downwind (mais c’est assez technique car la houle coupe la glisse des coureurs). Gaétan consolide sa place de leader devant Leonard Nika, Arthur Daniel (qui réalise un de ces objectifs à savoir battre un des leader en course), puis Annabel Anderson. Greg Closier n’est que 5e.

Pour conclure, les coureurs auront salué le potentiel d’organisation, les moyens et les bénévoles, les lots pour tous les participants. Ils restent pour le moins sur leur faim du côté des choix du parcours de la longue distance, qui reste le gros morceau. Les organisateurs de l’Oleron Island Stand Up Paddle Challenge entendent inscrire cette belle épreuve dans la durée et en faire un rendez-vous incontournable du calendrier. Vus les moyens engagés, ils y parviendront certainement à condition de prendre en compte l’avis des coureurs au risque de voir le nombre de participants diminuer d’année en année.