Après la beach race du samedi, la paella partie du samedi soir avec orchestre (bon moment de convivialité malgré la fatigue de la beach race, Bruno André et les nombreux bénévoles de Douarnenez avaient convié au briefing les coureurs inscrits pour la longue distance du Trophée Nah Skwell, Grand Prix Guyader, pour un parcours d’un peu plus de 15 kilomètres qui ne devait pas poser de problèmes, ou si peu…
Assis dans le Zodiac de Thierry (un bénévole), et poussés par un petit moteur de 150 chevaux, nous volons à 45 nœuds dans la baie de Douarnenez. Dans un peu plus d’une demi heure, le départ de la longue distance sera lancée et le directeur de course Bruno André positionne son parcours. Le ciel et clair (oublié les communiqués de presse de l’organisation distillant des phrases alambiquées avec des superlatifs du type « camaïeu de gris »…), le vent est orienté au nord et le clapôt se forme. Ce matin, au briefing, Bruno a posé les jalons du parcours : un bouée de dégagement à 2000 des côtes pour respecter le cahier des charges des Affaires Maritimes, tout le monde partira avec un gilet et un feu de détresse. Un bon point pour la sécurité, comme diraient certains leaders de la longue distance, « on n’est pas à Hawaii ». Malheureusement pour lui, Bruno a positionné sur son plan (non à l’échelle) la bouée très proche du départ, en longeant la côte. Ors, cette bouée a été mouillée au beau milieu du parcours et ne sera pas visible du départ.
Aussi, quand les coureurs s’élancent tels des moutons dans les alpages perdus sans les chiens de conduites et un berger bienveillant (quel lyrisme), ils vont à « panurge ». Car ils n’ont pas écouté les dernières consignes de Bruno André : cap sur Douarnenez, les bouée est 5° à gauche des deux clochers ». Au lieu de suivre la bonne trajectoire, ils font un détours par la côte, sur du plat, bien protégé du vent de terre. Tout l’esprit d’un bon downwind. Il faut dire qu’entre un leader charismatique du SUP qui, sans ses lunettes, ne voit pas mieux qu’une taupe (je parle d’Eric Terrien), de Gaétan Séné (ce dernier prendra vite la tête de la flotte) et de Greg Closier qui se marquent à la culotte (difficile de savoir qui drafte qui), d’Arthur Daniel qui emballe tous les départs en partant par un sprinter, d’un Seb Catelan en embuscade, bien malin qui pouvait prédire que tout ce petit monde irait aux fraises.
Dans le bateau de la direction de course : gros blanc. « Mais qu’est-ce qui foutent », s’emporte Bruno André. « A tous les bateaux suiveurs, merci de vous éloigner des coureurs pour le indiquer le bon cap, cap 180°. » Bruno tente en vain de rectifier le tir, mais la flotte s’étale déjà. Il faut dire que nous avons aussi perdu la bouée de vue, on se demande même un moment si cette dernière n’a pas ripé. Plein gaz, Thierry le pilote s’en donne à cœur joie et vole au dessus du plan d’eau pour vérifier le mouillage de la marque et sa localisation GPS. Tout est en place, à commencer par le bateau qui avec ladite bouée forme la porte par laquelle doivent passer les coureurs. Retour sur la tête de la course avec une large boucle pour ramener les brebis perdues. Finalement, les premiers, et dans le bon ordre des favoris, arrivent enfin à la marque. Eric Terrien sur sa Bic avec son nez bombé si caractéristique est le plus rapide, suivent Greg Closier et Gaétan Séné qui se chamaillent déjà. Viennent ensuite Yoann Cornelis, Belar Diaz, le team Nah Skwell avec Alex Grégoire et Renaud Noyelle. Seul Rico Leroy sur sa Naish est plus bas sur le parcours.
Les autres concurrents arrivent enfin. Dans les amateurs, le 24, seul participant à avoir fait preuve de discernement par la route la plus directe arrive en même temps que les pros. Le vent s’établi encore et quelques bons bumps permettent aux meilleurs de creuser les écarts. Arthur Daniel, encore un peu tendre dans la lecture du plan d’eau, se fera distancer par Greg Closier et Gaétan Séné au surf.
A l’arrivée dans Douarnenez, il faut effectuer une boucle sur le plat jusqu’aux écluses et revenir vers le ponton de la calle de la maison du Nautisme (le quartier général de la course du Grand Prix Guyader). Eric Terrien gère et termine facilement son arrivée, c’est plus tendu entre Gaétan Séné suivi par Greg Closier. Dans les derniers mètres, ce dernier tente un extérieur, Gaétan à la manière d’un sprinter le marque en le serrant ce qui ne plait pas beaucoup au coureur Hobie. Il y aura une petite explication à l’arrivée, divergence de points de vue, ça promet pour Sainte Maxime.
Chez les filles, Marie Jo Lanctot, Sophie Routaboul (un peu chamboulée par son Isostar au petit déjeuné), Cécile Gondre, Anne Crozet et Joelle Terrien terminent le parcours avec brio (et dans cet ordre).
Après une petite collation, nouveau départ pour le fun et dans le port de Douarnenez. Une Pro Am conviviale qui réunit tous les coureurs de la longue distance et de la beach race plus une quinzaine de participantes (dont de nombreux jeunes ayant participé à la North Point ou au Grand Prix de l’Ecole Navale de vendredi). Super moment avec le tour de l’île Tristan et une boucle dans le port musée de Douarnenez au milieu des vieux gréements.
Au final, cette nouvelle édition de ce Trophée Nah Skwell, épreuve ayant lieu dans le cadre du Grand Prix Guyader aura tenu toutes ses promesses malgré la météo capricieuse. Elle devrait aussi inciter les leaders des disciplines race à progresser sur les parcours pour éviter que l’ensemble de la flotte ne se perde dans une mauvaise direction. Bruno André, Gaétan Séné ou bien encore Greg Closier évoque l’usage de GPS ou d’un compas à l’avenir pour donner des repères sur les prochains parcours. Une option intéressante qui pimenterait encore un peu plus les courses avec une donnée de navigation qui viendrait s’ajouter à celles sportives (force de rame et aptitude à prendre des bumps).
Un grand remerciement à tous les bénévoles et personnes qui ont fait de cet évent un beau succès réunissant pros et amateurs (57 inscrits). La baie de Douarnenez est une baie idéale pour de nombreux parcours, un cadre parfait pour la balade en stand up paddle, quel que soit votre niveau. Notons aussi la parfaite organisation du Trophée, que cela passe du briefing à la remise des prix (mention spéciale pour le prize money pour les filles et les jeunes, le souhait de récompenser un maximum de participants).