Quand nous avons reçu ce petit texte de Fred Bonnef racontant sa traversée improvisée entre Lanzarote et Fuerteventura avec Belar Diaz, nous n’avons pas été surpris. Les deux riders commencent à avoir une solide expérience de ces peériples plus ou moins improvisés dont le mot d’ordre pourrait être “allez chiche !”. Cependant, ces gars du team Fanatic ont de l’expérience et je ne saurai trop vous conseiller de préparer un peu plus vos périples sous peine de vous faire, dans le meilleur des cas, hélitreuiller par les services de la protection civile.
L’idée de base était de profiter d’un vent de Nord Est assez fort sur les Canaries pour rejoindre Fuerteventura depuis Lanzarote.
Problème numéro 1, nous n’avions pas de planches de race… Qu’à cela ne tienne, nous empruntons deux Fanatic Fly Allround de 10’6 au Windsurfing Club FBC de Las Cucharas, et les harnachons comme nous pouvons sur notre pauvre Fiat Panda qui a eu la malchance de tomber sur trois énergumènes particulièrement intenables.
Problème numéro 2, nous ne savons pas d’où partir… Heureusement Eric Terrien et Stéphane Etienne nous drivent au téléphone depuis Fuerteventura. Stéphane semble d’ailleurs un peu inquiet: “Oye muchachos, il ne serait pas un peu tard pour tenter la traversée ?”… Ceci nous amène à notre problème numéro 3, il est déjà 15 heures 30 , et il fait nuit à 18 heures…
Nous sautons donc comme des dératés sur nos planches depuis Playa Papagayo, sous le regard bovin de quelques nudistes anglais au teint blafard, et sous les yeux ébahis de notre pote Chris, qui ne sait pas si il doit rire ou pleurer : car il a la lourde tache de nous surveiller depuis la côte, et de venir nous chercher à Fuerte avec la Panda ! Belar Diaz et moi-même prenons donc la direction de l’ile de Lobos, située elle même à une dizaine de kilomètres de Fuerteventura.
Problème numéro 4, nous avons le vent complètement de travers, et nos bras droits sont en feux durant une dizaine de kilomètres. Heureusement, nous avons toujours en vue la pointe au sud de Punta Blanca sur laquelle nous pouvons assez facilement nous rabattre en cas de pépin, car problème numéro 5, nous n’avons pas de bateau accompagnateur…
Mais les planches plates se comportent finalement très bien dans ce genre de conditions et nous avalons les 8 premiers kilomètres de vent de travers en forçant un peu, mais assez rapidement. Arrivés aux trois quarts de la distance entre Lanzarote et Lobos, nous avons l’agréable surprise de constater que le reste du trajet jusqu’à la plage de Majanicho à Fuerteventura est un parfait downwind ! Nous en profitons pour faire une petite pause et Belar m’offre de l’eau, car problème numéro 6, je n’ai pas de Camel bag. Les 17 kilomètres suivants sont avalés rapidement : une longue gavade avec des beaux départs au surf et de superbes sensations, nous nous dépassons l’un l’autre sans arrêt, à la faveur d’une houle mieux formée que les autres, ou d’un coup de rame mieux placé ! Les rames de surf (car problème numéro 7 nous n’avons pas non plus de rame de race) vont très bien avec ce genre de planches pas trop hautes et dans ces conditions où il faut être ultra tonique pour rebondir entre les “Bumps”.
Le passage devant le spot de Mejillones est impressionnant, nous passons tout près de quelques déferlantes aux lèvres bien charnues…et de la correctionnelle en calculant mal l’une des séries ! Les spots de surf s’enchainent, on se croirait sur le North Shore d’Oahu…Le soleil descend petit à petit et la lumière est intense, nous sommes maintenant accompagnés par quelques poissons volants, on est à fond, c’est juste génial ! Puis nous arrivons rapidement à Majanicho, où nous partageons quelques vagues avec les kitesurfeurs et windsurfeurs locaux qui hallucinent quelque peu, puis nous touchons la plage (ou plutôt la lave) de Majanicho, au coucher de soleil, après 2 h 25 de traversée (25 kilomètres).
Nous appelons Stephane et Nicole avec le téléphone que nous avions pris soin d’embarquer : ils n’en reviennent pas mais viennent quand même nous chercher en trombe, nous amènent chez Eric Terrien qui lui même nous amène au port, 5 minutes avant le départ du dernier bateau de retour pour Lanzarote… Nous en profitons pour récupérer Chris au passage et terminons ce petit périple de la même manière qu’il avait commencé : à l’arrache !
Texte: Fred Bonnef
Remerciements: Fanatic, Zutee France, Outside reef, Quickblade, Ion, Kelp Farmer, FBC Lanzarote, Russel Groves, Chris Rullières, Stéphane Etienne, Nicole Borronat, Eric Terrien.