Comment s’équiper pour pratiquer du stand up paddle (SUP) dans des conditions optimales ? Nous abordons dans cet article le leash, trop souvent négligé par les rameurs qui évoluent sur différents plans d’eau.
Nous ne sommes pas très fiers de ce titre racoleur. Mais c’est en ces termes qu’au début de l’été, la question de la dangerosité du stand up paddle (SUP) a été posée sur certains réseaux sociaux. Il est vrai que plusieurs accidents liés à la pratique du SUP sont intervenus dans un court laps de temps (en 2015, ndlr). D’aucun en ont profité pour discréditer notre sport. Ils oublient un peu vite que rapporté au nombre de planches vendues par an (15 000 environ), le nombre d’accidents est marginal. Néanmoins, il ne faut pas se voiler la face et rappeler quelques règles de sécurité afin d’éviter que certains novices ne fassent tragiquement la une de la rubrique faits divers d’un journal local.
Le stand up paddle se pratique sur mer, sur lac ou sur rivière. C’est un milieu dit « hostile ». Il peut en vérité se révéler peu accueillant si vous ne prenez pas en compte le risque encouru, si ne vous équipez pas en conséquence et si ne choisissez pas un lieu où ramer adapté à votre niveau.
L’équipement
C’est souvent un point négligé des rameurs occasionnels. Une planche, une pagaie et c’est parti. Et bien non. Si vous sortez votre planche une semaine ou deux pendant les vacances sur un plan d’eau calme, il est parfois difficile de mesurer les dangers potentiels. Dans la grande majorité de vos sessions, ils sont faibles ou inexistants. Mais prenons par exemple un scénario qui s’est malheureusement passé. Deux personnes naviguant sur un lac ont décidé de rentrer dans l’estuaire d’une rivière alimentant ledit lac. Sur leurs planches, ces paddlers sont équipés de leashs et de shortys. Jusque-là, rien à redire. Après une halte dans l’estuaire, ils repartent en direction du lac, le courant les porte dans la bonne direction, la navigation semble facile. La seconde personne reste en arrière isolée. Malheureusement, son leash s’accroche dans une branche ou une pierre. Elle bascule à l’eau, sa planche est emportée par le courant. Accrochée au leash (par un effet de levier), elle est plaquée au fond, il n’y a pourtant pas beaucoup d’eau. Prise de panique, elle cherche à remonter et n’a pas le réflexe (ou la possibilité physique) de décrocher son leash et de se libérer ainsi de l’emprise du courant.
Cette situation, qui malheureusement, se finira tragiquement, est bien connue des pratiquants de canoë-kayak. Pour les adeptes de la rivière, tout leash doit être largable. Pour toute corde utilisée, il faut un couteau dans un fourreau sécurisé accroché au gilet pour se libérer de la corde le cas échéant. C’est une règle de base. Nous ne préconisons pas l’usage d’un couteau, que les choses soient claires. Mais tout leash doit être largable si vous naviguez dans un courant. Cela est aussi vrai en mer. Longez une côte avec de nombreux rochers avec un courant généré par la marée (même faible), et vous vous exposez à ce même danger.
Le leash
Il existe plusieurs sortes de leash. Il y a le leash classique (dit coil ou droit) que les surfers, longboarders et stand up surfers utilisent en grande majorité. Il y a aussi des leashs plus spécifiques pour les riders jouant dans les courants et rivières.
Si vous avez le premier type de leash, ayez toujours en tête qu’il faudra l’accrocher à une ceinture largable (il en existe dans les shops de kayak, Easy Kayak en propose une autour de 30 € sur son site internet) sitôt que vous évoluerez dans une zone ou le courant et les obstacles seront présents. Dans plusieurs communications, la fédération française de surf (qui régit la pratique du SUP) préconise de ne pas utiliser de leash. Attention à cette préconisation. Certes, elle vous évitera de vous faire coincer de la manière que nous avons décrite plus haut, mais elle vous expose à d’autres dangers (perte de planche, obligation de nager dans le courant par exemple). De plus, c’est un choix réducteur. Lors d’une balade, vous pouvez évoluer dans différents « milieux » avec des conditions variables. À vous donc de bien évaluer les risques.
En rivière, vous porterez obligatoirement un gilet de flottaison de 50 Newton. Votre leash sera donc accroché soit à une ceinture largable, soit à votre gilet. Dans ce cas, il aura un système éjectable. L’un des meilleurs leashs de ce type a été pensé par le team Badfish. Le Re-Leash (c’est son nom, il coûte 60 $ sur le site de Boardworks) permet de vous désolidariser de votre planche en cas d’urgence. Cela peut vous faire sourire, mais depuis que nous avons ce leash, nous avons largué trois fois notre planche. Terminons cette petite revue de leash par deux modèles : NRS propose un leash bien adapté (2 en 1) tout comme Surf Pistol qui a une ceinture intégrée, une autre bonne option. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à larguer en cas de besoin, une mise en situation avec un rameur expérimenté dans une rivière peu profonde (comme sur notre séquence) est un plus indéniable dans votre apprentissage du SUP.
Le stand up paddle en rivière
Rappelons que pour toute pratique en rivière (classe I, II, max petit III), l’équipement requis est un casque, une combinaison adaptée, un gilet de kayak, une paire de chaussures. Il faut parfois débarquer et embarquer un peu plus loin, les rives ne sont pas toujours sécurisées. De même, en cas de chute, si vous descendez le courant les pieds en avant sur le dos (c’est la règle pour se protéger des obstacles), vous pouvez être obligé de vous écarter d’un rocher présent sur votre trajectoire en poussant dessus avec vos pieds. Vous aimerez alors porter une paire de chaussures adaptée plutôt qu’une simple paire de bottillons beaucoup plus fins. Afin d’être précis dans les règles à suivre, ne partez jamais seul, renseignez-vous sur la météo et sur les niveaux d’eau d’une rivière. Regardez les topos sur internet, demandez des avis aux clubs locaux, et méfiez-vous toujours de fin de crues. Ces dernières charrient beaucoup de branches qui s’accumulent à l’extérieur des virages et sur les berges. Vous pourrez donc avoir à les éviter si la rivière est étroite.
Shorty ou pas shorty ?
Au chapitre de l’équipement, et pour des paddlers naviguant sur tous les plans d’eau, la combinaison ou le shorty n’est pas un luxe en stand up paddle. Par forte chaleur, elle peut éviter une hydrocution et elle procure une petite réserve de flottaison appréciable en cas de pépin. Si le temps est amené à changer, par exemple si le vent se lève, la température peut rapidement baisser. Ne sous-estimez pas ce risque dans l’eau. Des accidents liés à l’hydrocution se sont dernièrement produits.. Le SUP est un loisir facile, vous pouvez ne pas tomber pendant un moment et donc faire bronzette par forte chaleur. Cela ne veut pas dire que l’eau monte en température aussi vite. Vigilance donc, rafraichissez-vous régulièrement.
Les règles de sécurité
Pour conclure ce petit topo consacré à la sécurité, nous allons édicter quelques règles que nous rappelons chaque année. Elles ne sont pas exhaustives mais en ayant ces dernières à l’esprit, vous éviterez bien des problèmes et profiterez tranquillement de vos vacances.
– En stand up paddle, ne jamais sortir avec un vent de terre, il vous portera au large (ou loin de la berge) et le retour sera impossible.
– Par vent établi, il est plus difficile de ramer sur une planche gonflable. On se fatigue plus vite dessus, son rendement est moindre, la prise au vent est importante.
– Si vous sortez sur un plan d’eau venté, remontez d’abord face au vent et revenez à votre point de départ (et non l’inverse). Attention à la dérive possible, il faut l’évaluer.
– Ne pas sortir sans le leash. Si vous évoluez dans une zone avec du courant, équipez-vous en conséquence et lisez attentivement le topo plus haut.
– Ne laissez jamais des enfants seuls sur un stand up. Ces derniers doivent porter un gilet adapté, au minimum un lycra, au besoin un shorty ou une combinaison. Un enfant prend plus vite froid qu’un adulte. Il est moins raisonnable et ne sortira pas de lui-même de l’eau. Soyez donc vigilant.
– Renseignez-vous sur les spécificités de votre plan d’eau (rochers, courants, vents thermiques) avant de partir pour de longues balades en stand up paddle. Prenez la météo.
– Pour de longues balades, prenez le nécessaire : eau, barre de céréales, crème solaire, chapeau ou casquette, lycra pour se protéger du soleil.
– Attention aux vagues qui pourraient déferler, à la marée qui peut modifier votre terrain de jeu. Le shore break est dangereux, il peut vous renvoyer brutalement votre planche sur vous et ainsi vous blesser.
– Regardez les trajectoires des autres utilisateurs du plan d’eau (bateaux, kites, planches à voile, kayaks…).
– Ne rentrez pas dans les zones réservées à la baignade avec votre stand up paddle.
– Avec une planche gonflable, vous devez rester dans la zone dite des 300 mètres.
– Ne surestimez pas vos capacités. Les photos dans les magazines sont parfois trompeuses, tout le monde ne peut pas faire la même chose.
– Avant de vous remettre à l’eau, faites un peu d’exercice, ramer fait travailler tous les muscles du corps. Si vous vous sentez peu à l’aise, un petit cours dans une école de référence est peut-être une bonne chose.
– Allez-y progressivement, votre agilité sur votre planche sera plus grande avec la régularité de votre pratique.
Article publié dans le Get Up 18 paru en été 2015.