Quelques jours après avoir remporté l’étape du stand up world tour à Huntington (Sup Surfing), Kai Lenny décroche l’une de ses plus belles victoires, la Battle of the Paddle de Dana Point. En ces quelques mots, on comprend alors l’immense performance que le jeune talentueux hawaïen vient de réaliser. Une victoire haut la main qu’il a parfaitement gérée.

La confrontation entre les trois favoris hommes de la Battle of thé Paddle a encore une fois tenu toutes ses promesses. Qui de Kai Lenny, Connor Baxter ou de Danny Ching allait cette année l’emporter. En 2012, le Californien de 404 avait été impérial et avait su imposer à ses rivaux pour la couronne de fleurs promise au vainqueur un rythme soutenu. Allait-il en 2013 rééditer cette fantastique performance ? On était en droit de le croire au vu de son heat qualificatif. Danny Ching a mené de bout en bout les deux tours et demi pour accéder à la grande finale. Il est arrivé avec une confortable avance sur le Brésilien de Hobie Luiz Guida qui s’est mis à rêver le temps d’un instant. Mais ne jamais sous estimer les participants d’une Battle. Dans les manches qualificatives, les spécialistes vont “petit rythme” et n’accélèrent que pour éviter le chaos promis au peloton aux bouées situées dans les vagues. Les spectateurs ont eu leur lot d’émotions et la foule a encore grondé devant ce spectacle hallucinant des planches qui volent au-dessus des têtes des concurrents empruntés dans leurs virages et certains de s’empaler dans les “malchanceux” tombés quelques secondes avant dans le train de houle.

Cette année, les filles ont eu leur finale. C’était un prélude, un warm up à la grande bagarre et d’aucun prédisaient une victoire facile d’Annabel Anderson. Sans surprise, la favorite est donc parti seule en tête et devait recueillir la cocarde de sa deuxième victoire sur la BOP sans rivale. Mais vous connaissez le proverbe : “A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”. Et c’est Jenny Kalmbach qui s’y est collé. Sur sa Naish, elle n’a rien lâché et est même revenue sur Annabel Anderson en toute fin de course. Une petite erreur à l’avant dernière bouée dans les vagues la retarde et elle aurait certainement recollé un peu plus pour disputer la victoire au finish avec un meilleur virage. Mais elle a aussi prouvé que la machine Anderson n’est pas infaillible et qu’avec des sections techniques au surf, il y avait moyen de la contrer. Karla Gilbert, elle aussi en Naish, termine le podium. D’une manière générale, soulignons que le niveau en fille a grandement progressé. Cela va beaucoup plus vite. L’australienne Angela Jackson (championne du monde ISA au Pérou) et Olivia Piana (vice-championne du monde) sont loin derrières les premières, au-delà de la 15ème place (Céline Guesdon visiblement tendue par l’événement se classe 22ème). Les passages de course sur le sable sont bien plus techniques que les courses standardisées du Pérou (sans retour à terre) et les meilleures de la discipline sont toutes présentes. Le championnat du monde de la beach race est bien la BOP de Dana Point.

Cela se vérifiera chez les hommes. Cette année, nous avons échappé à ces départs volés et contestables. Aligné sur le sable, tout ce petit monde est parti au coup de trompe. A la régulière. Danny Ching s’est très vite porté en tête, tout comme No Ginella et Kai Lenny. Le premier tronçon pour virer la bouée au large a été allongé et c’est une sage décision. Cette modification du parcours a permis d’étirer la course. Il fallait donc avoir de la vitesse pour virer en tête et chasser les bumps au retour. À ce petit jeu, Kai Lenny est indiscutablement le meilleur en ce moment. Il part sur des microvagues, des petits clapotis quasi invisibles de terre mais qui font toute la différence au final. Par deux fois, Kai prendra le meilleur sur ses adversaires. Connor a bien espéré contenir la volonté de son ami lors du premier passage à terre en revenant sur lui à la faveur d’un surf. Mais Kai était ce samedi tout bonnement intenable. Sautant à pieds joints dans des beach starts d’anthologie sur sa planche, il a été techniquement au-dessus de la mêlée. Ses virages sont plus rapides que des jibes, ses relances sont puissantes et sa lecture de vague fait le reste. Plusieurs fois, Danny Ching a tenté de revenir en puissance avec la vitesse qu’on lui connaît. Mais rien. Kai Lenny peut lever les bras au ciel, il n’a pas volé sa victoire et il entre avec logique dans l’histoire de cette épreuve fantastique. Et les Français demanderez-vous ? À leur place. Éric Terrien, 16ème, avoue être satisfait de cette place vu le niveau des meilleurs. Il est vrai qu’avec un départ dans les 30 à la première bouée, il était difficile de rester aux contacts des 10. Les jeunes Letourneur, Daniel et autre Arutkin ont encore appris et engrangent de l’expérience. Mais comment ne pas prendre en compte l’émergence de riders à l’image de Jake Jensen qui s’affirment de plus en plus en tête de la course ? Les prochaines années s’annoncent encore plus difficiles, il faudra un niveau de préparation bien plus élevé pour espérer briller sur un BOP, le meilleur européen Casper Steinfath (4ème) est peut-être la seule exception sur cette course. Les nations fortes comme Hawaï et l’Australie n’ont fini de nous montrer leur réservoir de talents. Espérons que la France pourra rester au contact avec ses nombreux espoirs.

Résultats visibles sur http://www.supracer.com/2013-battle-of-the-paddle-results/