Les deux dernières journées du championnat du monde de stand up paddle ISA ont réservé de belles surprises. Avec deux belles médailles sur la longue distance, une en or pour Titouan Puyo et le bronze pour Éric Terrien, le clan français pouvait légitimement nourrir quelques espoirs pour l’ultime épreuve, la beach race. C’était sans compter sur le meilleur Européen en race, le Danois Casper Steinfath.
Il peut enfiler son casque de Viking avec humour et fierté : le Danois Casper Steinfath, superbe athlète et ambassadeur de notre discipline, n’a pas volé sa victoire. Gérant brillamment sa course sur le plan d’eau plat mais venté du lac Nicaragua, le rider de Naish conserve son titre de champion du monde grâce à un superbe finish devant le surprenant australien Lincoln Dews et l’américain, un des favoris, Slater Trout. Tout est encore allé très vite sur cette première ligne droite de la beach race le départ donné. Casper Steinfath est le premier à virer la bouée du large suivi par Slater Trout et le mexicain Fernando Stalla. Ces trois riders vont se relayer en tête de la course, cherchant, au gré des rafales de vent et des micros bumps, à accentuer leur avance. Steinfath, bien malin, ne s’épuise pas à vouloir monopoliser en tête de course. Il rétrograde en troisième et gère les poursuivants. Parmi eux, on compte les français Titouan Puyo et Éric Terrien qui a viré la première bouée en 6ème place. Ce dernier parait plus frais pour délivrer quelques accélérations très puissantes dont il a le secret. À l’issue du second tour, on pense même qu’il peut recoller sur le trio de tête grâce à quelques bons bumps mais il stoppe son effort et se recale un peu devant Titouan Puyo alors 7ème. Devant Fernando Stalla, qui a alors la tête de la course en main, chute. Derrière, les attaques sont immédiates et opportunes : Steinfath et Trout mettent le turbo, Lincoln Dews se rapproche, Stalla nage 5ème. Casper Steinfath produira son décisif effort en vent arrière (bouée 4 à 5). Tout en glisse, il dépose Slater Trout et reprend le commandement jusqu’à l’avant dernière bouée. Derrière, c’est très chaud entre l’Australien et l’Américain d’autant qu’Éric Terrien pointe enfin le museau de sa planche dans le quartet des possibles “médaillables”. Un peu tard, un virage un poil lent ne lui permet pas de relancer assez vite pour disputer le sprint final. Car devant, si le Viking est en passe de doubler son titre ISA, pour la seconde place, Lincoln Dews et Slater Trout sont au coude à coude à la dernière bouée. L’Australien est le plus prompt à sauter de sa planche pour lancer le sprint à la course après un virage au cordeau, une tactique certainement dictée par le vent de travers pas si favorable. Trout, toujours très bon dans les finishs, trouve ce dimanche plus fort que lui dans cet exercice de style, il arrive troisième, Éric Terrien finit sa belle course en 4ème position.
Un peu avant les hommes, c’est Shakira Westrop qui a assuré le spectacle. L’Australienne, déjà incroyable seconde sur la longue distance (on ne l’attendait pas aussi à l’aise derrière la canadienne Lina Augaitis sur une planche de race, elle la spécialiste du surf, Shak comme on la surnomme a décroché le bronze en sup surfing) a fait glisser sa Starboard sur les moindres bumps pour ce dimanche distancer avec classe la canadienne moins agile dans les virages. Jennifer Kalmbach, du Costa Rica, était parti la plus rapidement sur sa Naish. Mais elle ne pourra tenir la cadence et lâchera prise assez rapidement. Westrop construira avec assurance sa victoire, plus rapide entre les bouées 4 et 5, certainement la partie du parcours la plus favorable pour les attaques. Céline Guesdon, vite distancée dès le départ (trop isolée sur la ligne pour drafter les meilleures et prendre le rythme), ne semblera jamais en mesure de revenir sur les premières, elle finira 7ème.
Mais revenons sur la journée de samedi durant laquelle les Français n’ont pas joué petits bras. Sur la longue distance de ces mondiaux, Éric Terrien a notamment fait en sorte, grâce à son expérience des drafts, ces lignes de coureurs où chacun cherche l’aspiration en s’économisant le plus possible, de mettre sur orbite le calédonien Titouan Puyo. Jouant placés sur le tronçon face au vent, les deux Français vont ensuite passer à l’attaque dans la partie downwind. Tactique payante. Malgré quelques chutes, Éric Terrien a fait un gros travail pour son compatriote Puyo. Ce dernier glisse comme personne et donne tout pour décrocher l’or. Moins bien engagé après cette ultime bouée marquant la “mi-course” à la sortie des îles, Éric Terrien réussira à se repositionner second au terme d’une irrésistible remontée. Autant dire que les attachées de presse de tout poil qui d’habitude bachotte sur Supracer.com ont dû vibrer plus qu’à l’accoutumée à l’idée de rédiger en toute hâte un communiqué ayant pour titre : “Doublé historique, les Français sur le toit du monde”. Enfin un truc dans ce genre non autorisé sur les sites “intimistes”. Mais c’est sans compter sur l’australien Lincoln Dews : ce dernier grippe une tactique tricolore quasi parfaite et s’intercale second à 200 mètres de l’arrivée. Mais qu’importe, beau parcours des Français même si, à la lecture de la bible Supracer et de ses classements non officiels sans réel intérêt que les communicants de tout bord prendront pour argent comptant, au moins dix des meilleurs mondiaux ne sont pas présents sur cette épreuve ISA. Plus inquiétants, sur la longue distance et pire encore sur la beach race, car c’est l’ultime épreuve et les calculs ne sont plus de mise, seuls 7 riders sur les 24 finalistes, suivent la cadence. On peut se réjouir que les Français soient de ce groupe mais quoi qu’on en dise, le véritable championnat du monde de la discipline reste et restera, surtout en beach race, la Battle of the Paddle en Californie. Espérerons de tout cœur que les Français, au-delà des trois sélectionnés en race de cette équipe de France 2014, seront jusqu’à cette fin de saison aussi brillants que sur ces mondiaux ISA et qu’ils pourront, ponctuellement, profiter de l’expertise et des structures fédérales pour progresser comme ils le méritent. Sur ce dernier point, on ne demande qu’à voir.
Au terme de ces championnats et d’une disqualification dans la dernière épreuve des relais, la France se classe 5ème nation du classement par équipe, l’Australie, les USA et le Brésil constituant le podium. Photo : ISA.
Classement longue distance hommes :
1. Titouan Puyo (FRA) 1:49:25
2. Lincoln Dews (AUS) 1:50:24
3. Eric Terrien (FRA) 1:50:43
4. Vincius Martins (BRA) 1:51:12
5. Slater Trout (USA) 1:51:32
6. Javier Jimenez (MEX) 1:51:50
7. Toby Cracknell (AUS) 1:52:10
8. Chuck Glynn (USA) 1:52:20
9. Fernando Stalla (MEX) 1:53:02
10. Dylan Frick (RSA) 1:54:35
Classement beach race hommes :
1. Casper Steinfath (DEN) 29’20
2. Lincoln Dews (AUS) 29’23
3. Slater Trout (USA) 29’26
4. Eric Terrien (FRA) 29’39
5. Fernando Stalla (MEX) 29’41
6. Vinícius Martins (BRA) 29’43
7. Titouan Puyo (FRA) 29’45
8. Chuck Glynn (USA) 29’47
9. Javier Jimenez (MEX) 30’40
10. Toby Cracknell (AUS) 30’48
Classement beach race femmes :
1. Shakira Westdorp (AUS) 31’27
2. Lina Augaitis (CAN) 31’33
3. Jenny Kalmback (CRI) 31’46
4. Shae Foudy (USA) 33’33
5. Barbara Brazil (BRA) 33’36
6. Laura Quateglas (SPA) 33’43
7. Celine Guesdon (FRA) 33’57
8. Marie Buchanan (UK) 34’08
9. Edimar Luque (VEN) 34’50
10. Karen Jacobson (MEX) 36’13