À Collioure, à quelques kilomètres de Canet en Roussillon, s’est déroulé le deuxième jour des championnats de France de stand up paddle race. Espoirs, ondines et opens étaient engagés. Un deuxième jour de courses plein de rebondissements.
Dire qu’Éric Terrien revient de loin dans la finale beach race des championnats de France de race 2013 est encore loin du compte. À Collioure, dans la magnifique baie fortifiée et protégée du vent qui souffle en tempête au large, le Français a tout fait pour remettre quelques pendules à l’heure après sa troisième place en longue distance 12’6, ce qui, vu son impressionnant palmarès les années passées, peut apparaître comme une contre performance. Mais que ce fut difficile. Petit retour en arrière. Avant d’arriver en finale, les coureurs de la catégorie Open inscrits sur la beach race ont dû passer par des qualifications. Deux poules de 35 coureurs ont donc ramé sur le joli parcours concocté par Fred Bonnef. Une longue ligne droite après le départ pour étirer la flotte, virages autour des bouées, deux passages à terre en portant sa planche, il fallait encore allier sens tactique et agilité pour bien figurer.
Nouveauté sur les France 2013 à la demande de la fédération française de surf, les coureurs ne se qualifient pas en fonction de leurs résultats dans les poules, mais en fonction du temps qu’ils réalisent dans ces qualifications. De plus, les Espoirs (moins de 18 ans), qui disputent leur finale le matin, peuvent eux aussi entrer dans la grande finale Open en fonction de leurs temps dans leur manche. Cette dernière a été menée tambour battant par Arthur Daniel et Arthur Arutkin. Le jeune nordiste du team Fanatic a géré parfaitement cette course, départ très rapide, petit temps faible en milieu de course, accélération pour repasser son adversaire directe Arthur Daniel (F-one) et finish parfait pour empocher son deuxième titre Espoir. Arthur Daniel termine second, Martin Letourneur est troisième, Pierre Nau sera quatrième, Gabriel Bachelet cinquième. La hiérarchie est respectée. Ces jeunes riders se retrouvent donc en finale Open, avec les meilleurs Français, les Gaétan Séné, Yoann Cornelis, Florent Dode très surprenant en qualification, Titouan Puyo facile lui aussi dans sa série et le patron Éric Terrien. Il ne manque que Greg Closier, non inscrit après son opération à la hanche, les médecins lui ayant déconseillé de courir.
Top départ. Pas de round d’observation. La course de trois tours sera très rapide. Avec le vent qui rentre désormais dans la baie, tous les favoris comprennent qu’il faut arriver en bonne position à la première bouée pour virer facilement. Le premier à passer aura fait une grosse partie du travail pour empocher le titre tant convoité. Éric Terrien est bien parti mais c’est Arthur Arutkin qui est le plus véloce (Nicolas Beynet est aussi bien dans le coup avec Yoann Cornelis mais plus haut sur la ligne,ndl). À la bouée, comme prévu, ça cafouille et il y a des chutes. Titouan Puyo négocie le mieux cette première marque suivi par l’étonnant Gabriel Bachelet et Gaétan Séné. “Je me suis retrouvé en tête sans trop vouloir y être, confie le rider calédonien. J’ai été obligé de fournir un effort très tôt en cherchant les bumps sur le retour.”
Sur la plage, on se dit que le scénario de la veille va se reproduire et qu’une nouvelle ère est en train de voir le jour. Exit Éric Terrien, place à la nouvelle garde, les gamins prennent le pouvoir. Cette analyse est encore plus pertinente quand Éric Terrien chute comme un débutant sur son premier beach start. Sa finale ne pouvait pas plus mal commencer, à ce moment-là, ils n’étaient pas nombreux à miser sur son retour. Car devant, on n’attend pas les copains. Bachelet, Arutkin, Daniel, Séné, Cornelis chassent le Caldoche. Ce dernier gère sa course avec son coup de pagaie ample et technique. Mais avec le vent qui se renforce sur le plan d’eau, il est difficile de drafter. Les bourrasques s’engouffrent sous la planche et il est facile de tomber. Mieux vaut donc attaquer et remonter. Arthur Daniel et Arthur Arutkin s’y emploient à la bouée du fond du parcours. Ils passent Gabriel Bachelet et ont maintenant le leader calédonien en ligne de mire. Derrière, Éric Terrien serre aussi les dents. Certainement vexé de sa chute, il tente le tout pour le tout. Il temporise dans le bord face au vent pour tout donner physiquement sur le bord du retour en downwind. Très technique, il a noté que sa nouvelle planche, un proto de 24” 1/2 qu’il vient de recevoir, est très performante dans les bumps. Il s’arrache, fléchit sur ses jambes pour avoir le maximum de puissance et déjauge comme si sa carrière en dépendait. Et ça marche ! À la grande surprise, il revient sur Gabriel Bachelet et Arthur Daniel. Devant lui, ne restent qu’Arthur Arutkin et Titouan Puyo. La grande bagarre est déclenchée. Arthur Arutkin, sentant le bon coup, attaque le Calédonien, Éric Terrien qui est à quelques encablures contre attaque lui aussi. Les trois hommes sont sur la même ligne. On se rend coup pour coup, ça cogne fort, le public n’en revient pas, il est captivé par cette course pleine de rebondissements. Sur la plage, il y a hallucination collective ! Comment Éric Terrien a-t-il pu revenir. Il ne lui reste plus que deux bords pour se détacher, il s’arrache de plus belle. Le king français n’est pas mord, il rugit encore et de belle manière quand il est maculé. En 200 mètres, il vient de déposer Arthur Arutkin et Titouan Puyo. Fantastique, historique, le DTN se frotte les yeux, il cherche fébrilement sa liste avec les sélectionnés pour les prochains mondiaux ISA au Nicaragua.
Ultime bord, Éric Terrien a maintenant le titre à portée de main, il saute sur la plage et franchit la ligne les bras en l’air. Une fois encore, il prouve qu’il n’est jamais aussi dangereux que dans l’adversité. Le second fait aussi plaisir à voir et vient de passer un cap incroyable. Arthur Arutkin, en qui on voyait un coureur participant aux courses de stand up un peu en dilettante, prend confiance en lui et engrange les podiums. Deux secondes places en Open, deux titres en Espoir, le jeune nordiste de Fanatic ne pouvait pas espérer mieux avec ses quatre médailles au compteur. Titouan Puyo arrive beau troisième, il vient de se faire un nom parmi l’élite française, espérons qu’on le verra très vite sur de grands rendez-vous internationaux. Juste après l’arrivée, c’est le chaos. Éric Terrien s’effondre, il n’en peut plus. Céline Guesdon, la nouvelle championne de France de beach race vient le saluer. Un peu plus tôt dans la journée, et en deux manches, elle a largement disposé de ses deux principales rivales, Olivia Piana (seconde) et la surprenante Sarah Delaunay. Un premier titre pour Céline Guesdon (Bonz) qui récompense sa persévérance sur les compétitions de l’année, ses très bons résultats sur le plat où sa puissance et sa vitesse de pointe ont souvent fait la différence. Cette journée à Collioure restera dans les mémoires des amateurs de stand up paddle. Elle consacrera deux très beaux champions et entérine l’avènement de jeunes talents qui désormais jouent la gagne pour monter sur les podiums.
Lundi un ultime briefing devrait valider le lancement de la longue distance 14′ dans des conditions dantesques avec du vent de 40 nœuds.
resultats-12.6-technique
Pingback: Dark Horses Upset And Young Guns Fire Befre Eric Terrien Gets His Redemption @ French National Titles | SUPracer.com